Coran Savary/049

La bibliothèque libre.
Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 274-277).





LE SANCTUAIRE.


donné à la mecque, composé de 18 versets
______
Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


O croyans ! ne prévenez point l’ordre du ciel et de son ministre. Craignez Dieu ; il sait et entend.

O croyans ! n’élevez point la voix au dessus de celle du prophète ; ne lui parlez point avec la familiarité qui règne entre vous, de peur que vos œuvres soient vaines. Vous n’y pensez pas.

Dieu a éprouvé la piété de ceux qui parlent respectueusement à son apôtre. L’indulgence et un prix inestimable seront leur récompense.

L’intérieur[1] de ta maison est un sanctuaire, ceux qui le violent en t’appelant manquent au respect qu’ils doivent à l’interprète du ciel.

Ils doivent attendre que tu viennes à eux. La décence l’exige ; mais le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

O croyans ! si un calomniateur vous apporte une nouvelle[2], soumettez-la à un examen rigoureux. Tremblez de nuire à votre prochain, et de vous préparer d’amers repentirs.

Souvenez-vous que l’envoyé du Très-Haut est au milieu de vous ; si trop facile il condescendait à tous vos désirs, vous deviendriez coupables. Dieu vous a donné l’amour de la foi ; il l’a embellie dans vos cœurs. Il vous inspire l’horreur de l’infidélité, du crime et de la rébellion, et vous marchez dans les voies de la justice.

Rendez-en grâces à la bonté céleste. Le Tout-Puissant est savant et sage.

S’il naît un différent entre les fidèles, pacifiez-le. Si l’un des partis s’élève injustement contre l’autre, combattez-le jusqu’à ce qu’il revienne aux préceptes du Seigneur : S’il reconnaît son injustice, ramenez la paix parmi vos frères, parce que Dieu aime la justice.

Les fidèles sont frères. Conservez entre eux la concorde. Craignez Dieu, et méritez son indulgence.

O croyans ! ne vous moquez point de vos frères. Souvent celui qui est l’objet de vos railleries est plus estimable que vous. Et vous, femmes, évitez ce défaut. Celle qu’attaquent vos médisances peut valoir mieux que vous. Ne vous diffamez point mutuellement. Ne vous donnez point de noms vils. Un terme de mépris ne convient point à celui qui a la foi. Ceux qui ne se corrigent pas de ces vices sont prévaricateurs.

O croyans ! soyez circonspects dans vos jugemens. Souvent ils sont injustes. Mettez des bornes à votre curiosité. Ne déchirez point la réputation des absens. Qui de vous voudrait manger la chair de son frère mort ! Vous avez horreur de cette proposition. Craignez donc le Seigneur. Il est indulgent et miséricordieux.

Mortels, nous vous avons formés d’un homme et d’une femme, nous vous avons partagés en peuples, en tribus, afin que l’humanité règne au milieu de vous. Le plus estimable aux yeux de l’éternel est celui qui le craint. Dieu possède l’immensité de la science.

Les Arabes disent : Nous croyons. Réponds-leur : Vous ne croyez point. Dites : Nous professons l’islamisme[3]. La foi n’a point encore pénétré vos cœurs ; mais si vous obéissez à Dieu et au prophète, vos œuvres ne perdront rien de leur prix. Le Seigneur est indulgent et miséricordieux.

Les vrais fidèles sont ceux qui, libres du doute, croient en Dieu, à son apôtre, et sacrifient, pour défendre la cause sainte, leurs vies et leurs richesses.

Apprendrez-vous à Dieu quelle est votre religion ? Il connaît tout ce qui existe au ciel et sur la terre. Sa science embrasse l’étendue de l’univers.

Ils te rendent grâces d’avoir embrassé l’islamisme. Réponds-leur : Cette religion ne vient pas de moi ; elle est un don du ciel. Il vous conduira si vos cœurs sont sincères.

Dieu connaît les secrets des cieux et de la terre. Vos actions sont dévoilées à ses yeux.


  1. Par l’intérieur on doit entendre l’appartement des femmes. Les Arabes le nomment harem (lieu défendu). Il n’est permis qu’au mari d’y entrer. Il y va ordinairement passer l’après-dîner. Il s’y trouve au milieu de ses enfans et de ses épouses. Lorsqu’il y est, il souffre avec peine qu’on l’appelle. Mahomet reprend dans ce verset la grossièreté de quelques Arabes qui l’avaient appelé à haute voix pendant qu’il était dans le harem.
  2. Mahomet avait envoyé Valid aux Mostalekites pour recueillir le tribut sacré. L’envoyé, craignant les effets de la haine où il avait vécu avec ces peuples pendant qu’ils étaient idolâtres, revint vers le prophète, les accusa d’avoir refusé le tribut, d’avoir voulu le mettre à mort. Mahomet irrité songeait à la vengeance. Les Mostalekites vinrent le trouver, lui firent voir la fausseté de l’accusation de Valid, et se soumirent à ce qu’on exigeait. C’est ce qui donna lieu à ce verset. Gelaleddin.
  3. La différence que les Mahométans mettent entre la foi et l’islamisme, c’est que l’une est la croyance intérieure, et l’autre est la marque extérieure de cette croyance par des actes religieux. Maracci.