Coran Savary/050

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (2p. 277-281).





K.


donné à la mecque, composé de 45 versets
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Au nom de Dieu clément et miséricordieux.


K. J’en jure par le Coran glorieux.

Surpris de voir un prophète de leur nation, les infidèles crient au prodige.

Victimes de la mort, disent-ils, lorsqu’il ne restera de notre être qu’un amas de poussière, serons-nous ranimés de nouveau ? Cette résurrection nous paraît chimérique.

Nous savons combien d’entre eux la terre a dévorés. Leurs noms sont écrits dans le livre.

Ils ont traité la vérité de mensonge. L’esprit de confusion s’est emparé d’eux[1].

Ne voient-ils pas comme nous avons élevé le firmament sur leurs têtes, comme nous l’avons orné d’astres lumineux ? Y aperçoivent-ils la moindre imperfection ?

Nous avons déployé la terre sous leurs pas ; nous y avons élevé les montagnes ; nous avons mis dans son sein les germes précieux de toutes les plantes.

Partout une magnificence divine éclate aux regards de nos fidèles adorateurs, et rappelle à leurs cœurs le souvenir d’un Dieu.

Nous versons des nuages la pluie bienfaisante : elle fait éclore toutes les plantes qui ornent vos jardins, et les moissons qui ornent vos plaines.

Elle fait croître les palmiers élevés dont les dattes[2] retombent en grappes suspendues.

Elles servent à la nourriture de nos serviteurs. La pluie rend la vie à la terre stérile ; image de la résurrection.

Le peuple de Noé, les habitans de Rassi, et les Thémudéens nièrent la mission de leurs apôtres.

Aod, Pharaon, les concitoyens de Loth, les habitans d’Aleïca, le peuple de Thobbai, traitèrent leurs prophètes d’imposteurs. Tous ont éprouvé les châtimens que je vous annonce.

La création de l’univers nous a-t-elle coûté le plus léger effort ? Cependant ils doutent de la résurrection !

Nous avons tiré l’homme du néant. Le moindre mouvement de son âme nous est connu. Nous sommes plus près de lui que la veine de son cœur.

Lorsque, près du tombeau, les deux anges viennent s’asseoir, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche,

Il ne profère pas une parole qui ne soit notée exactement.

Les angoisses de la mort le saisissent. Voilà, lui dit-on, le terme que tu voulais reculer.

Le son de la trompette annoncera le jour des menaces.

Chaque homme se présentera avec un guide et un témoin.

Tu vivais dans l’insouciance, lui dira-t-on ; ce jour n’occupait point ta pensée. Nous avons fait tomber le voile qui t’aveuglait. Aujourd’hui ta vue sera perçante.

Un des anges dira : Voilà ce que j’ai préparé contre lui.

Qu’on jette dans l’enfer l’infidèle et le prévaricateur ;

Qu’on y précipite ceux qui ont empêché le bien, violé les lois, et douté de la religion sainte.

Qu’on fasse subir les tourmens les plus rigoureux à l’idolâtre.

Seigneur, dira Satan, je ne l’ai point conduit à l’erreur ; il s’est perdu lui-même.

Ne disputez point devant moi, répondra l’Éternel, votre arrêt est prononcé.

Ma parole est immuable. Je ne traite point injustement mes serviteurs.

Dans ce jour nous demanderons à l’enfer : Tes gouffres sont-ils remplis ? Il répondra : Avez-vous encore des victimes ?

Non loin de là, le paradis est préparé aux hommes vertueux.

Voilà, diront les anges, le bonheur promis à ceux qui ont fait pénitence et qui ont gardé les commandemens du Seigneur,

A ceux qui ont craint le miséricordieux dans le secret, et qui lui ont offert un cœur converti.

Entrez-y avec la paix. Le jour de l’éternité commence.

Ici tous les plaisir sont rassemblés. L’excès de votre félicité passera votre attente.

Combien nous avons exterminé de peuples plus puissans que les habitans de la Mecque ! Parcourez la terre, et voyez s’ils ont trouvé un abri contre notre vengeance.

Ces exemples doivent instruire ceux qui un cœur, des oreilles, et qui sont capables de réflexion.

Nous avons créé dans six jours les cieux, la terre, et tous les êtres répandus dans l’univers, et nous n’avons point senti la fatigue.

Souffre avec constance leurs discours, et loue le Seigneur avant le lever et le coucher du soleil.

Publie ses louanges au commencement de la nuit, et accomplis l’adoration[3].

Songe au jour où le Héraut céleste appellera les mortels.

L’instant où le cri véritable se fera entendre sera celui de la résurrection.

Nous donnons la vie et la mort ; nous sommes le terme de toutes choses.

Dans ce jour la terre ouvrira son sein ; les hommes s’élanceront du tombeau. Il nous sera facile de les rassembler.

Nous connaissons les discours des infidèles. N’use point de violence pour leur faire embrasser l’islamisme.

Lis le Coran à celui qui craint nos menaces.


  1. Les infidèles prétendaient que Mahomet était un mage, et le Coran un livre de magie ; d’autres qu’il était un poëte, et le Coran un livre de poésie. Gelaleddin.
      Ce dernier reproche n’est pas sans fondement. Tout le Coran est écrit par versets. Les premiers chapitres sont en prose rimée, une partie des derniers est en vers. Mahomet a déployé dans son ouvrage toutes les richesses de l’éloquence et de la poésie.
  2. Les dattiers produisent trois ou quatre grosses grappes qui sortent du sommet de l’arbre et qui retombent à l’entour. Elles sont formées de petits rameaux longs et flexibles, où sont attachées les dattes. Ces grappes pèsent jusqu’à cent vingt livres. La datte est d’un vert foncé en naissant ; elle devient rouge à mesure qu’elle grossit ; et lorsqu’elle est mûre elle est noirâtre. Ce fruit d’un goût sucré et agréable, perd beaucoup à être désséché.
  3. Et accomplis l’adoration. On doit entendre par ces mots la prière nommée el aché, c’est-à-dire, du souper, qui se fait environ deux heures après le coucher du soleil. Maracci s’est trompé en croyant que ces mots signifiaient des génuflexions qui n’étaient point prescrites par loi. Maracci, p. 673.