Correspondance 1812-1876, 6/1870/DCCXLII
DCCXLII
À MADAME EDMOND ADAM, À PARIS
Écrivez-moi donc, ma Juliette ! je suis inquiète de tout et brisée de tristesse. Quelle leçon pour les peuples qui veulent des maîtres ! mais qu’elle est cruelle ! que de sang et de larmes pour expier l’ignorance et l’erreur ! Nous savons enfin tout ; mais, demain, qu’allons-nous apprendre ? n’êtes-vous pas malade de tout cela ?
Dites-nous quelques mots de-vous et de nos amis. Est-ce que les pauvres enfants de nos amis étaient dans cette révolte des mobiles ? Est-ce qu’on va sévir contre eux avec rigueur ? Moi, je rêve que les alliés, l’Angleterre en tête, vont nous écraser, et nous offrir la paix avec un d’Orléans pour roi constitutionnel ; ce qui serait peut-être le vœu de la majorité des Français à l’heure où nous sommes. Mais que de rêves ne fait-on pas, dans ce grand désarroi de l’âme !
Parlez-nous et aimez-nous. Que pense, que dit Adam ?