Correspondance 1812-1876, 6/1870/DCCXLVI
DCCXLVI
À MADAME EDMOND ADAM, À PARIS
Quoi qu’il arrive, le ciel veuille que les ouvriers ne fassent pas à eux seuls la révolution ! Elle est dans de si bonnes conditions pour se faire sans combat entre Français ! Les batailles de la rue laissent des déchirements et des fureurs qui rendent la victoire stérile ou éphémère. Le pouvoir personnel s’écroule de lui-même, Dieu veuille qu’il soit enseveli par le concours de tous : armée, bourgeois, manœuvres, braves, poltrons, prétendants et radicaux ! Alors on aura une révolution sociale viable. Autrement, je n’espère rien de bon du lendemain.
Dites-nous ce que voit et pense Adam. Nous vivons dans l’anxiété. Il faut que nous chassions les Prussiens et les empires du même coup.
Tendresses de nous tous. Est-ce à présent qu’il faut donner autre chose que du linge aux blessés ? n’est-ce pas volé par les administrations ? Je veux que cela aille aux ambulances ; dites-moi comment.