Correspondance 1812-1876, 6/1871/DCCCVI

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Texte établi par Calmann-Lévy,  (Correspondance Tome 6 : 1870-1876p. 123-124).


DCCCVI

À M. OSCAR CAZAMAJOU, À CHÂTELLERAULT


Nohant, 25 mai 1871.


Oui, c’est fini, j’espère, à l’heure où je t’écris, et bientôt tu pourras aller faire tes affaires dans cette ville folle qui vient de payer si cher son mépris pour l’opinion de la France, opinion trop arriérée, j’en conviens, mais que cette jolie insurrection ne fera pas marcher plus vite, au contraire.

Enfin, nous ne savons pas encore si les combats ont été très meurtriers pour nos pauvres soldats. Je plains moins les autres : ils l’ont voulu.

Je compte bien sur ta promesse de venir nous voir en passant ; il y a si longtemps que nous ne t’avons embrassé, et tant de choses cruelles se sont passées ! J’ai besoin de te revoir, Maurice et Lina aussi ; tu trouveras nos filles en bon état et ta filleule tout à fait farceuse, c’est la drôlerie de la maison.

Tu ne me dis rien de Georges[1]. J’espère qu’il est près de vous. J’embrasse ta mère et ma bonne Herminie de tout cœur.

Ta tante,
G. SAND.

  1. Georges Lécuyer, beau-frère d’Oscar Cazamajou, dans la garde mobilisée.