Correspondance 1812-1876, 6/1871/DCCLXXXI
DCCLXXXI
À M. JULES BOUCOIRAN,
AU COURRIER DU GARD, À NÎMES
J’ai vu vos deux neveux avec leur gentil sous-lieutenant[1]. Nous les avons gardés toute une journée et la nuit, regrettant de ne pouvoir les garder davantage. Mais ils nous promettent de revenir avec leur lieutenant-colonel. Ils sont charmants et excellents, vos neveux, et ils ont passé une vraie journée chez nous, en famille. Peut-être, à présent, pourront-ils rester davantage puisque voilà un armistice qui nous donne l’espoir de la paix. Que Dieu le veuille et qu’on nous rende bien vite nos pauvres enfants ! Moi, j’en ai deux sous les drapeaux, les petits-fils de Polyte[2].
Cher ami, prêchez la paix, appelez-la de tous vos vœux : nous faisions trop mal la guerre et nous l’aurions faite en vain, avec cette séparation de Paris et de Bordeaux, qui nous faisait deux gouvernements.
Je vous embrasse de cœur. Maurice et Lina vous chérissent. Les petites sont bien gentilles. Pauvres enfants ! avons-nous assez tremblé pour eux !