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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 2/0298

La bibliothèque libre.
Louis Conard (Volume 2p. 333-334).

298. À LOUISE COLET.
Mercredi midi. [17 décembre 1851.]

Il fait un froid atroce. Je ne pourrai vous voir que vers 3 h. ½ pour vous quitter à 5 h. ½. Je reste chez moi et Je viendrai vous voir demain au soir de bonne heure.

Sacré nom de Dieu ! l’héritage ! Faites-moi penser à vous en parler ; il y a peut-être quelque chose à faire néanmoins.

« Le Paradis en ce monde se trouve sur le dos des chevaux, dans le fouillement des livres ou entre les deux seins d’une femme ! » (Poésie arabe contemporaine). N’est-ce pas que c’est très joli cela ?

Je lis en ce moment un livre de Daumas, sur les chevaux du Sahara, qui m’intéresse énormément. Pauvre Orient, comme j’y pense ! J’ai un désir incessant et permanent de voyage. Cet affreux froid l’augmente. Je voudrais vivre aux bougies, ou mieux aux lanternes chinoises, dans un appartement chauffé à 30 degrés, sur des tapis peints comme des parterres… Par le temps qui court, où se réfugier, si ce n’est en ses rêves ?

Adieu, chère bonne femme aimée, à demain. Tenez-vous les pieds chauds et le cœur tranquille.

À toi.