Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0816

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Louis Conard (Volume 5p. 176-177).

816. À EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
Croisset, samedi soir, 12 août [1865].

Eh bien, quand Henriette[1] ? Et que faites-vous ?

Quant à moi, mes bons, j’ai reçu depuis mon retour dans mes lares de jolies tuiles sur la tête : 1o la mort déplorable et inattendue de mon neveu (le gendre de mon frère) ; 2o la maladie de ma mère : un zona compliqué d’une névralgie générale et qui lui fait pousser la nuit de tels cris que j’ai été obligé d’abandonner ma chambre. Vous pouvez imaginer le reste !

Aujourd’hui, il y a un peu de mieux.

La littérature ne marche pas roide au milieu de tout cela, comme vous pouvez le croire.

Je viens de lire le livre de Proudhon sur l’Art ! On a désormais le maximum de la pignouferie socialiste. C’est curieux, parole d’honneur ! Ça m’a fait l’effet d’une de ces fortes latrines, où l’on marche à chaque pas sur un étron. Chaque phrase est une ordure. Le tout à la gloire de Courbet et pour la démolition du romantisme ! Ô saint Polycarpe !

Amitiés aux amis. Tout ce que vous trouverez de plus respectueusement cordial pour la Princesse. Je vous embrasse.

Écrivez-moi donc un peu longuement, puisque vous êtes deux. J’ai besoin de distraction, je vous jure.


  1. Henriette Maréchal.