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Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0888

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Louis Conard (Volume 5p. 261-262).

888. À ERNEST FEYDEAU.
Croisset, mardi [fin 1866-début 1867].
Cher Vieux,

Je ne sais pas si tu existes encore, mais comme je viens te demander un service, j’espère que tu me donneras de tes nouvelles. Voici la chose ; elle concerne mon bouquin[1].

Mon héros Frédéric a l’envie légitime d’avoir plus d’argent dans sa poche et joue à la Bourse, gagne un peu, puis perd tout, 50 à 60 000 francs. C’est un jeune bourgeois complètement ignorant en ces matières et qui ne sait pas en quoi consiste le 3 p. %. Cela se passe dans l’été de 1847.

Donc, de mai à fin août, quelles ont été les valeurs sur lesquelles la spéculation s’est portée de préférence ?

Ainsi il y a trois phases à mon histoire :

1o Frédéric va chez un agent de change, apporte son argent et se décide pour ce que l’agent de change lui conseille. Est-ce ainsi que cela se passe ?

2o Il gagne. Mais comment ? Et combien ?

3o Il perd tout. Comment ? Et pourquoi ?

Tu serais bien aimable de m’envoyer ce renseignement, qui ne doit pas tenir dans mon livre plus de 6 ou 7 lignes. Mais explique-moi clairement et véridiquement.

Fais attention à l’époque, c’est en 1847, l’été des affaires Praslin et Teste.

Par la même occasion, dis-moi un peu ce que tu deviens et fabriques.


  1. Il s’agit du chapitre IV de la seconde partie de L’Éducation sentimentale, page 346 : « à la fin de Juillet, une baisse inexplicable fit tomber les actions du Nord… »