Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 6/1208

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Louis Conard (Volume 6p. 283-284).

1208. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, vendredi soir, 6 heures [8 septembre 1871].

Voici le papier que me demande mon beau neveu. Tu l’embrasseras de ma part en lui disant que je continue, de plus belle, à n’y comprendre goutte. Et puis, quelle rédaction ! quel langage ! Moi, signer des choses pareilles ? Horreur !

Tu me combles de compliments sur Saint Antoine, pauvre Caro ! Et je t’avouerai qu’ils me font plaisir, parce que je fais cas de ta jugeotte, de ta bonne petite boule, ferme et haute. J’aurai fini, dimanche, les plaintes d’Isis. Et huit jours après, j’espère commencer l’Olympe. Mais je ne serai pas débarrassé des dieux avant la fin d’octobre. Alors, je pousserai un joli ouf ! Car c’est un lourd fardeau.

« Quelle responsabilité ! » comme dirait Berthelot.

Fais-moi le plaisir de m’envoyer le plus promptement possible le plan du monument[1]. Je voudrais le montrer dimanche à Desbois. Depuis le matin la pluie tombe à verse et Monsieur va se priver de son bain. La mère Sand m’a envoyé hier les deux photographies de ses deux petites-filles qui sont des amours. […]

Mille félicitations, mon Caro, de votre enthousiasme artistique ; je voudrais être avec vous pour faire la troisième Muse. Mes bons souvenirs à ta compagne.

Ton vieil oncle en baudruche.

  1. Plan du monument Bouilhet.