Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1648

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Louis Conard (Volume 8p. 20-21).

1648. À MADAME TENNANT.
[Paris], vendredi soir [février-mars 1877].
Ma chère Gertrude,

Je vous remercie de vous être occupée de mon affaire, et je viens encore vous demander un service.

Puisque votre ami lord Houghton est si plein de bonne volonté, il faudrait qu’il composât à Londres un comité (dont il serait le président) et qui correspondrait avec celui de Paris (dont Victor Hugo est le président).

Mrs Lewes (George Elliot) adhère à notre œuvre. Lord Houghton aurait la bonté de l’admettre parmi les membres de la commission anglaise. Lord Houghton peut correspondre directement et en anglais avec notre secrétaire, M. Edmond Plauchut. Je recevrai prochainement une adresse imprimée de Victor Hugo.

Voilà tout, ma chère Gertrude.

Mon petit volume de contes est maintenant sous presse et paraîtra vers la fin d’avril. Le Cœur simple sera publié quelques jours auparavant dans le Moniteur. Je vous l’enverrai tout de suite, ce sera le moyen de vous faire penser à moi deux fois.

Que dites-vous que bien des choses nous séparent ? Pour moi il n’en est qu’une, l’espace ! Quant à tout le reste, je passe à travers et vous suis attaché dans toute la force du terme.

Comme j’ai envie de vous voir ! Comme j’aurais des choses à vous dire, seul à seul, au coin du feu ! Savez-vous comment je vous appelle au fond de moi-même, quand je songe à vous ? (ce qui arrive souvent). Je vous nomme « ma jeunesse ».

Bénédiction sur vous et ce que vous aimez et, du fond du cœur, à vous.