Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1904

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Louis Conard (Volume 8p. 318-319).

1904. À GEORGES CHARPENTIER.
[Croisset], mardi [21 octobre 1879].
Mon Bon,

Vous recevrez en même temps que ceci la fin de Salammbô [sic, pour Éducation sentimentale]. Je ne sais si j’ai donné le bon à tirer de ce qui s’étend de la page 506 à 511 ? Veillez-y. Quel imprimeur ! Regardez les en-tête de pages et la quantité de lettres qui sont de travers ! Enfin, c’est fini, Dieu merci !

Bergerat a dû recevoir dimanche matin, les deux dessins de Croisset[1]. Nous avons fait, ma nièce et moi, tout ce que nous avons pu pour satisfaire ledit rêve. S’il n’est pas content, zut !

Quand paraît le Château des Cœurs ? ne pas oublier la Chanson des Brises.

Quant à M. Lafitte[2], je sais qu’il admire le Voyage autour de ma chambre de Môssieu de Maistre ! ce qui me dispose médiocrement à lui être agréable. 2o Faire annoncer mon roman en plein succès de Nana me semble peu adroit. 3o Il est promis à Mme Adam. Et 4o, si l’on veut que je ne l’achève pas, c’est d’en parler maintenant. La moindre réclame me couperait la musette, absolument.

Attendons au moins le Château des Cœurs ! Donc, jusqu’à nouvel ordre : je refuse.

Autre guitare. Vous avez fait au milieu de septembre un nouveau tirage de Salammbô, et l’Éducation sentimentale va reparaître. Vous seriez bien aimable de m’allonger maintenant le montant de ces deux éditions, en prélevant ce que je vous dois comme acquisitions de livres. Le jeune Guy doit venir me voir le 8 du mois prochain. Il irait prendre l’argent chez vous. Faut-il le prévenir ? Réponse là-dessus, je vous prie, et sur le reste.

Oui j’ai lu Nana (huit feuilletons), et je trouve ça splendide, vous pouvez le dire à l’auteur de ma part en lui serrant la main.


  1. Dessins de Mme Commanville.
  2. Jules Lafitte, directeur du Voltaire, avait demandé à Flaubert, de publier Bouvard et Pécuchet.