Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 8-9/1947

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Louis Conard (Volume 8p. 381-382).

1947. À EDMOND DE GONCOURT.
Mercredi soir, 11 février 1880.
Mon bon Goncourt,

Je ne trouve pas gentil de me reprocher les pavés du jeune Bergerat ; d’autant que la manière dont il publie ma féerie et les dessins dont il l’enjolive laissent peut-être à désirer.

« L’ami Flaubert » s’est bassiné l’œil cet après-midi avec vos Albums japonais. Mais je ne voudrais pas me livrer souvent à de pareils régals de couleurs, car je tombe plus gémissant sur mon roman philosophique !!! Pourquoi la fatalité veut-elle que je prenne toujours des sujets abominables !

Quand j’aurai lu Nana, je commencerai mon dernier chapitre et, quand il sera fini ou à peu près, j’ornerai pour longtemps Paris de ma présence.

C’est charmant, exquis (et instructif) ce que vous dites des Albums japonais, des lutteurs, des robes de femmes, du plaisir qu’ils se donnent avec l’eau, etc. Oui, mon cher ami, sans blague aucune, c’est bien troussé ! Et si tout est comme ça, ce sera un livre chouette.

Je vous embrasse bien tendrement et fortement. Votre vieux.