Correspondance de Voltaire/1722/Lettre 72
Voici, mon ami, cinq fleurons que vous trouverez, je crois, assez bien dessinés ; je vous enverrai les autres incessamment. Cherchez, je vous en prie, quelque graveur qui les exécute. Le même homme qui les a dessinés me fera toutes mes vignettes : c’est Durand, que vous avez vu à la Comédie ; il était mauvais acteur, et il est assez bon peintre. Mandez-moi, je vous en prie, comment vous faites pour les estampes. Génonville ne m’écrit point. Est-ce qu’il n’aurait point reçu mes lettres, ou qu’il serait malade, ou qu’il ne se soucierait plus de son vieil ami ? Le dernier est assez vraisemblable.
Qu’est-ce donc qu’il est arrivé à ce pauvre Gaudin ? Il m’écrit qu’il est près d’être écrasé, et me demande quatre louis. Je suis bien fâché s’il lui est venu quelque mauvaise affaire. J’écris à mon beau-frère[2] pour qu’il lui donne cet argent, et davantage s’il en a besoin. Je vous prie, mon cher Thieriot, d’aller un peu dîner chez ma sœur[3]. Écrivez-moi souvent. Je reçois dans l’instant votre lettre du 7, qui m’a charmé. Adieu ; on m’apporte encore un cinquième cul-de-lampe, que je joins aux autres.
Je ne suis point étonné que le cardinal[4] ait fait un beau discours ; il est dévoué depuis longtemps au dieu de l’éloquence. Adieu.
Songez à Henri, et aimez François[5].