Correspondance de Voltaire/1723/Lettre 99

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Correspondance de Voltaire/1723
Correspondance : année 1723GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 98-99).
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99. — À MADAME LA PRÉSIDENTE DE BERNIÈRES[1].

À Maisons, ce 20 octobre.

Je partais pour vous aller retrouver, mais Beauregard, qui est dans la prison du grand Châtelet, m’empêche de m’éloigner de Paris. Je fais recommencer son procès criminel, et j’espère qu’il ne sortira pas sitôt de prison. Il a des lettres de rappel qui pourront bien lui devenir inutiles, attendu que je ferai tous mes efforts pour le faire condamner à une peine plus conforme à son crime et aux lois qu’un simple bannissement.

Viret doit avoir obtenu ce qu’il désirait ; Mme  la maréchale de Villars l’a bien servi[2]. Il avait besoin d’une protection aussi forte, car on était depuis longtemps indisposé contre lui, M. Thieriot devrait bien continuer à faire travailler chez Martel[3] à ce qu’il avait dit ; et si la maison Martel n’était pas sûre, ne pourrait-on pas en trouver une autre, en payant ?

Je n’ai pas le temps d’écrire à M. Thieriot, car Beauregard m’emporte tout mon temps.

J’ai vu, à Maisons, M. de Bernières, qui va faire une grande fortune ; son projet est le seul projet d’affaires sensé dont il m’ait parlé depuis longtemps. Je souhaite autant que vous qu’il réussisse. Il croit que vous ne saviez rien des papiers qui sont chez Martel, et je ne l’ai pas détrompé.

Il n’y a pas à Paris grandes nouvelles. Quand j’aurai mis en règle l’affaire de Beauregard, je reviendrai bien vite chez vous avec Mariamne, qui souffre de tous ces contre-temps autant que je souffre de ne vous point voir.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. On devait fermer les yeux sur l’édition de la Henriade, imprimée à Rouen.
  3. C’était le brocheur ou le relieur.