Correspondance de Voltaire/1731/Lettre 221
Comment va votre santé ? Je vous en prie, mandez-le-moi : vous pouvez compter que je m’y intéresse comme une de vos maîtresses. Mais, si vales, macte animo, et pour Dieu faites ce troisième acte, et que je ne dise point :
................Ultima primis
Non bene respondent...............
On a lu Jules César devant dix jésuites : ils en pensent comme vous ; mais nos jeunes gens de la cour ne goûtent en aucune façon ces mœurs stoïques et dures. J’ai un peu travaillé Ériphyle, et j’espère la faire jouer à la Saint-Martin. Je menai hier M. de Crébillon chez M. le duc de Richelieu : il nous récita des morceaux de son Catilina, qui m’ont paru très-beaux. Il est honteux qu’on le laisse dans la misère ; laudatur et alget[1]. Savez-vous que M. de Chauvelin, le maître des requêtes, fait travailler à une traduction de M. de Thou ? Je crois vous l’avoir déjà mandé. Ce jeune homme se fait adorer de la gent littéraire.
Adieu, mon cher ami ; en vous remerciant des deux corrections à la Henriade. M. de Formont me les avait mandées ; elles sont très-judicieuses. Vale.
- ↑ Probitas laudatur et alget. (Juven., sat. i, 74.)