Correspondance de Voltaire/1731/Lettre 227
Le courrier va partir ; je n’ai que le temps de vous mander que le Séthos de l’abbé Terrasson prouve que des géomètres peuvent écrire de très-méchants livres.
On joue les Fêtes vénitiennes[2] détestablement, il n’y a point de comédie ; tout Paris meurt de langueur : pour moi, je meurs d’impatience de voir Charles XII à Paris ; je vous supplie donc, mon cher plénipotentiaire, de m’envoyer votre prisonnier. Ce sera à Versailles, chez M. le duc de Richelieu, que je logerai. Je vous prie instamment de me faire tenir une lettre d’avis, par laquelle je serai autorisé, sous le nom du chevalier[3], à retirer les ballots appartenant à M. le duc de Richelieu. Je me rendrai suivant la lettre d’avis, soit à Saint-Cloud, soit à Sèvres, au jour que vous me marquerez, et j’aurai soin de faire voiturer par terre ce roi malheureux, plus persécuté ici que chez les Turcs.
J’ai envoyé à M. Jore l’Essai sur la Poésie épique, que l’on doit imprimer à la fin de la Henriade. Je vous prie de le lire, et de m’en dire votre avis, avant qu’on l’imprime.
Je n’ai pas le temps d’écrire à M. de Cideville : la poste part, et j’écris ceci dans un café, auprès du bureau des lettres. Adieu ; mille tendres remerciements.