Correspondance de Voltaire/1734/Lettre 406
Je n’ai que le temps de vous écrire, mon cher ami, de ne faire nul usage du billet de treize cent soixante-huit livres qu’on vous a envoyé sans ma participation. Il vaut beaucoup mieux que le fils[1] du vieux bonhomme fasse ce dont il était convenu avec moi, en cas qu’il voie que cette démarche puisse être utile. Peut-être en a-t-il déjà vendu ; et, en ce cas, il serait puni tout aussi sévèrement, et on lui répondrait comme Dieu aux Juifs : Sacrificia tua non volo[2]. C’est à lui à voir s’il est coupable, et jusqu’à quel point il peut compter sur l’indulgence des gens à qui il a affaire. Il faut qu’il commence par m’instruire de ses démarches, afin que je sache, de mon côté, sur quoi compter. Je ne veux ni ne dois rien faire aveuglément. Je commence à croire que l’édition avec mon nom a la tête est une édition de Hollande. En ce cas, votre protégé n’aurait rien à craindre, ni même rien à faire à présent qu’à se tenir tranquille. Je lui demande pardon de l’avoir soupçonné ; mais il fallait qu’il m’écrivît pour prendre des mesures.
Adieu ; je vous embrasse tendrement. V.
À M. l’abbé Moussinot ; et, sous l’enveloppe, à l’ami de l’abbé Moussinot : voilà mon adresse.