Correspondance de Voltaire/1735/Lettre 522

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Correspondance de Voltaire/1735
Correspondance : année 1735GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 33 (p. 549-550).
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522. — Á M. L’ABBÉ FRANCHINI[1],
à la suite d′une lettre de m. algarotti[2], qui était a cirey, chez Mme  du châtelet
Cirey, 10 novembre 1735.

Votre ami, qu’en tout genre il est si doux d’entendre,
En vantant nos plaisirs, se plaint de leur langueur.

Nous avons tout, dit-il, hors le dieu du bonheur :
L’Amour n’est point ici ; ce dieu n’ose y prétendre.
Mais il le dit d’un ton si tendre
Qu’on voit bien que l’Amour est déjà dans son cœur,
Ou qu’il est tout prêt d’y descendre.
Mais s’il se contentait de louer des appas
Qu’il faut qu’on admire et qu’on aime,
Si ce vrai dieu du monde à Paris suit vos pas,
Dans les champs de Cirey ne nous l’envoyez pas ;
Pour sa gloire et la vôtre, amenez-le vous-même.

Ces pauvres petits vers français se fourrent à la suite des beaux vers de M. Algarotti, comme de petits curieux se mêlent dans l’équipage d’un grand seigneur, pour avoir leur passe-port.

  1. Pièces inédites de Voltaire, 1820. — Voyez, sur l’abbé Franchini, page 340, note 2.
  2. Algarotti (François), ne à Venise en 1712, mort à Pise le 3 mars 1764, auteur du Neutonianismo per le dame. — Voyez la lettre 520.