Correspondance de Voltaire/1736/Lettre 694

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Correspondance : année 1736GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 183).
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694. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET.
À Cirey …

Mon cher maître, j’ai enfin reçu votre Prosodie[1], petit livre où il y a beaucoup à prendre, qui était très-difficile à faire, et qui est fort bien fait. Je vous en remercie, et j’ai grande envie de voir le reste de l’ouvrage. Mandez-moi donc tout franchement si vous croyez que l´ode[2] puisse tenir contre cette ode de M. Racine. Vous n’êtes pas dans la nécessité de louer mon ode, parce que je loue votre Prosodie. Vous ne me devez que la vérité, car c’est la seule chose que vous recevez de moi quand je vous loue ; et je vous aurai plus d’obligation de vos critiques, dont j’ai besoin, que vous ne m’en aurez de mes éloges, dont vous n’avez que faire.

Qu’est-ce que c’est, mon cher abbé, qu’une comédie intitulée l’Enfant prodigue, qu’il a pris en fantaisie à la moitié de Paris de m’attribuer ? Je suis bien étonné que l’on parle encore de moi ; je voudrais être oublié du public, et jamais de vous.

  1. Voyez la lettre 642.
  2. L’Ode sur la Paix. Voyez plus haut la lettre 662, à d’Olivet.