Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 858

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 465-466).
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858. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
4 mai.

Je ne puis, mon cher et respectable ami, laisser partir la lettre de Mme  la marquise du Châtelet, sans mêler encore mes regrets aux siens. Nous imaginions vous posséder, parce qu’au moins vous êtes à Paris. C’est une consolation de vous savoir dans notre hémisphère ; mais cette consolation va donc bientôt nous être ravie[1]. Mme  du Châtelet, que l’amitié conduit toujours, vous parle de nos craintes au sujet de ces Éléments de Newton ; pour moi, je n’ai d’autre crainte que d’être séparé d’elle, et d’autre malheur que d’être destiné à vivre loin de vous. Je serai privé de la douceur de vous embrasser avant votre départ. Je ne pourrai pas dire à Mme  d’Argental tout ce que je pense de son cœur et du vôtre. Vous serez tous deux heureux à Saint-Domingue ; il n’y aura que vos amis à plaindre. J’embrasse tendrement M. de Pont-de-Veyle, à qui je suis attaché comme à vous.

  1. D’Argental n’alla pas à Saint-Domingue. Voyez la lettre 826.