Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 911

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Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 34 (p. 540-541).
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911. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 2 auguste (1738).

Mon cher abbé, je reçois une nouvelle bien agréable : je trouve l’occasion d’obliger M. Pitot. Je vous prie de vouloir bien passer chez lui. Vous aimez volontiers à courir chez les gens quand il faut leur rendre service. Je ne peux guère lui prêter que huit cents livres, à cause des grandes dépenses que je fais, car, outre les quatre mille livres que vous m’avez envoyées, il faut encore que vous donniez à compte cent pistoles à M. Cousin. Prêtez donc ces huit cents francs à M. et à Mme Pitot. Ils me les rendront dans l’espace de cinq années : rien la première, deux cents francs la seconde, autant la troisième, ainsi du reste ; le billet de M. et Mme Pitot, portant payement sur leur terre, suffira sans contrat. Il ne faut point, ce me semble, de notaire avec un philosophe. Assurez M. et Mme Pitot que, s’ils se trouvaient pressés dans la suite, je n’exigerais pas le payement, et qu’au contraire ma bourse serait encore à leur service. Dès que les Transactions philosophiques seront en vente, vous aurez donc la bonté de les acheter, et de souscrire ; en attendant, je prie M. Cousin ou vous, mon cher abbé, de vouloir bien présenter les Éléments de Newton, bien reliés, à M. de Bremont.

Je veux bien encore pardonner à Demoulin, et j’accepte le marché qu’il propose, seize cents livres sur Dechausson et quatre cents livres comptant : vous pouvez conclure.

Voici un papier qui vous fera voi les dimensions de ma table de marbre, et celles de la jolie commode que je demande. Prenez-la tout comme il vous plaira.

J’ai reçu la montre.

Je ne sais ce qu’est devenue une caisse que Prault dit avoir envoyée.

Le chevalier de Mouhy demeure rue des Moineaux, butte Saint-Roch. Vous pourriez lui écrire un mot pour savoir ce qu’il faut par mois, et pourquoi il n’envoie plus de nouvelles depuis huit jours. Et M. d’Auneuil ?

Je vous embrasse de tout mon cœur.

Connaîtriez-vous quelqu’un qui veuille servir de valet de chambre, et qui sache bien écrire ? Il y a deux cents livres de fixe, beaucoup de présents, et un honnête ordinaire.

  1. Édition Courtat.