Correspondance de Voltaire/1738/Lettre 953

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Correspondance de Voltaire/1738
Correspondance : année 1738GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 32).
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953. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 31 octobre.

Voici, mon cher Père Mersenne, une lettre pour M. Dubos et pour M. Lefranc. Je vous envoie aussi la lettre de M. Lefranc.

Si vous pouvez obtenir quelque bon renseignement de Varron-Dubos, le plus beau siècle de la France vous en sera très-obligé.

Pourriez-vous engager Aristide[1] de Saint-Pierre à communiquer son mémoire politique sur Louis XIV, en forme de journal ? Nous n’en tirerons point de copie, nous le renverrons bien cacheté, il n’aura point sorti de nos mains, et je tâcherais de faire de l’extrait de son journal un usage dont aucun bon citoyen ne me saura mauvais gré. Je pense, comme M. l’abbé de Saint-Pierre, qu’il faut écrire l’histoire en philosophe ; mais je me flatte qu’il pense, comme moi, qu’il ne faut pas l’écrire en précepteur, et qu’un historien doit instruire le genre humain sans faire le pédagogue.

Je crois que vous pouvez faire un bon usage de mes précédentes lettres.

Aurai-je le S’Gravesande in-4o avec figures ? Mais cet ancien domestique de Mme Dupin[2] est-il encore à louer ? Vous avez vu Cirey et le cabinet de physique. Tachez de le séduire ou de m’en envoyer un autre. Cousin a une maladie qui ne lui permettra de longtemps de travailler.

Mon cher ami, je suis un grand importun ; mais je le sais bien.

Je vous enverrai, si vous le voulez, la Vie de Molière[3] et le catalogue raisonné de ses ouvrages ; mais il faudrait me faire tenir la dissertation de Luigi Riccoboni, dello Lelio[4].

  1. Allusion à l’exclusion de l’abbé de Saint-Pierre du sein de l’Académie française, en 1718.
  2. Morte âgée d’environ cent, ans, en 1800. Elle est citée dans la lettre du 8 mai 1744, à Cideville.
  3. Voyez cet ouvrage, tome XXIII, page 87.
  4. Observations sur la comédie et sur le génie de Molière, 1736, in-12. Voyez, sur Riccoboni, la note, tome IV, page 179.