Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1055

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 155-156).

1055. — À M. THIERIOT[1].
Ce 4 février.

Tout est-il enfin éclairci, et ce monstre de Desfontaines pourra-t-il se vanter d’avoir répandu des nuages sur une amitié si respectable et si tendre ?

Avez-vous enfin compris combien votre silence avait dû alarmer Cirey, dans un temps où un seul mot de vous eût dû tout prévenir ? Êtes-vous revenu du malheureux soupçon qui vous a passé par la tête, au sujet des souscriptions ? Il ne s’agissait que de fermer la bouche à quiconque dirait que je n’ai pas tout remboursé : est-ce là une commission désagréable ? Un mot, de grâce, d’amitié à M. du Châtelet ; dites-lui que vous avez fait tout ce qu’il a demandé, que vous l’aviez prévenu, et tout est fini.

Songez bien à la récrimination de l’abbé Desfontaines sur les Lettres philosophiques.

Je voudrais avoir un désaveu de Saint-Hyacinthe au sujet du libelle dont il est question dans la Voltairomanie. C’est un point essentiel. Je voudrais le désaveu fort et authentique. J’en écris à M. le chevalier d’Aidie, à M. d’Argental, à Mme de Champbonin. On pourrait se venger dans le sang de ce coquin de Saint-Hyacinthe ; mais on retient le zèle indiscret des personnes qui voulaient lui aller couper les oreilles. Les larmes respectables de la meilleure amie qui ait jamais été me retiennent ici malgré moi. Je devrais être à Paris. Je veux avoir raison de tout cela, je l’aurai. Ne connaissez-vous personne qui ait vendu la Voltairomanie ? Vous devriez bien m’en instruire ; les procédures sont commencées, et tout peut servir.

Je vous prie de dire à M. d’Argenson que j’ai beaucoup corrigé mon mémoire. Qu’en pense-t-il ?

Je devais écrire à M. le chevalier de Brassac ; j’ignore sa demeure.

À qui faut-il s’adresser pour avoir raison de Saint-Hyacinthe ? A-t-il des amis ?

Au reste, je compte que vous réparerez le tort que vous m’avez fait en montrant cette malheureuse lettre ostensible, qui a fait croire que j’avais part au Préservatif. Je me flatte que votre santé est raffermie.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.