Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1145

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 260-261).

1145. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 25 (avril 1739).

Mon cher abbé, je reçois votre lettre du 24 avril.

D’Arnaud est venu ici sur un cheval de louage. Il a fort mal fait de venir ainsi de sa tête chez une dame aussi respectable, dont il n’a pas l’honneur d’être connu[2] ; mais il faut pardonner une imprudence attachée à sa jeunesse et à son peu d’éducation. La lettre que je vous envoyais pour lui doit être non avenue.

Vous pourrez peut-être me faire tenir encore une lettre à Cirey, si vous répondez sur-le-champ à celle-ci : mais, passé ce temps, ne m’écrivez plus jusqu’à ce que vous ayez de mes nouvelles.

Je n’ai rien à ajouter sur l’affaire du chevalier.

Si M. Thieriot vous donne pour moi un Démosthène grec et un Euclide grec et latin, je vous prie de prendre l’Euclide et de renvoyer le Dèmosthène, comme j’en suis convenu avec le sieur Thieriot. Envoyez toujours le ballot à Cirey.

Ne donnez d’argent à personne sans un petit mot de ma part, excepté au sieur Hébert le joaillier, avec qui je vous prie de terminer un compte. Il n’y aurait qu’à l’aller voir et lui proposer un petit accommodement d’argent pour des choses qu’il m’a vendues fort cher. Je crois qu’il demande six cents livres, et qu’il faut lui en donner quatre cents. J’abandonne cette négociation à votre prudence.

Voici un modèle de lettre que je prie monsieur votre frère d’écrire dans quelques jours à M. le président d’Auneuil. Si l’on vient de la part de du Sauzet, dites que je me charge moi-même de cette affaire.

Je suis extrêmement mortifié que monsieur votre frère, qui ne fait que vous prêter son nom, ait pu me commettre au point de dire de ma part à M. le président d’Auneuil que je pouvais le contraindre à me rembourser. Je n’ai jamais chargé monsieur votre frère de dire ces paroles, qui me paraissent dures, ni rien d’approchant.

Vous savez que je m’en remets absolument à l’équité et à la bonté de M. le président d’Auneuil et sur la délégation qu’il a promise, et sur le payement des cent pistoles qu’il est clair qu’il me doit. Je serais très-fâché qu’il pensât que je doute un moment de sa bonté pour moi.

Si vous lui aviez parlé, vous vous seriez servi de termes plus doux et plus convenables à votre politesse aimable.

Adieu, mon cher ami.

  1. Édition Courtat.
  2. Voltaire, dans la lettre du 3 avril, avait autorisé d’Arnaud à se rendre à Cirey, mais comme accompagnant Helvétius.