Correspondance de Voltaire/1739/Lettre 1182

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Correspondance de Voltaire/1739
Correspondance : année 1739GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 304-305).

1182. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.
À Bruxelles, ce 18 juillet.

Êtes-vous parti ? Pour moi, je pars dans la minute. Mes compliments, mon cher ami, au révérend Père Janssens[1] jésuite de Bruxelles, lequel a persuade à la pauvre Mme Viana que son mari était mort hérétique, et que, par conséquent, elle ne pouvait en conscience garder de l’argent chez elle, et qu’il fallait remettre tout entre les mains de son confesseur. La dame Viana, pleine de componction, lui a confié tout son argent. Le cocher qui a aidé le révérend Père à porter les sacs dépose juridiquement contre le révérend Père. Le bon homme dit qu’il ne sait ce que c’est, et prie Dieu pour eux. Le peuple cependant veut lapider le saint. On va juger l’affaire[2]. Il faut ou le pendre ou le canoniser, et peut-être sera-t-il l’un et l’autre.

Adieu, mon ami ; ne soyons ni l’un ni l’autre.

  1. Ou Yancin. (K.)
  2. Voyez, sur cette affaire, l’Essai sur les probabilités en fait de justice, tome XXVIII. Voyez aussi lettre à d’Argenson du 21 mai 1740.