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Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1325

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Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 490-491).

1325. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Berlin, 6 août.

Mon cher ami, je me conforme entièrement à vos sentiments, et je vous fais arbitre. Vous en jugerez comme vous le trouverez à propos ; et je suis tranquille, car mes intérêts sont en bonnes mains.

Vous aurez reçu de moi une lettre datée d’hier ; voici la seconde que je vous écris de Berlin ; je m’en rapporte au contenu de l’autre. S’il faut qu’Émilie accompagne Apollon, j’y consens ; mais, si je puis vous voir seul, je préférerai le dernier. Je serais trop ébloui, je ne pourrais soutenir tant d’éclat à la fois ; il me faudrait le voile de Moïse[1] pour tempérer les rayons mêlés de vos divinités.

Pour le coup, mon cher Voltaire, si je suis surchargé d’affaires, je travaille sans relâche ; mais je vous prie de m’accorder suspension d’armes. Encore quatre semaines, et je suis à vous pour jamais.

Vous ne sauriez augmenter les obligations que je vous dois, ni la parfaite estime avec laquelle je suis à jamais votre inviolable ami,

Fédéric.

  1. Exode, xxxiv, 34, 35.