Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1406

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Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 16-17).

1406. À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 30, Bruxelles (janvier 1741).

Mon cher abbé, j’ai toujours oublié dans mes lettres de vous parler des dix années que me doit M. de Goesbriant. J’ai quelque idée que son procureur me devait payer voudriez-vous bien vous en informer ?

Je vous avais dit par ma dernière lettre que je vous enverrais une lettre de change au nom du sieur Desvignes. Je l’ai donnée aujourd’hui à quinze jours de vue : elle est de deux mille livres ; mais, comme je n’en ai encore reçu que mille, je vous prie de vous servir de votre prudence ordinaire pour ne rien hasarder.

Vous pourrez aisément dire au porteur qu’il revienne dans dix ou douze jours, sans accepter la lettre de change comme un banquier, et lui disant seulement que vous me ferez le plaisir de donner cet argent pour mon compte ; vous lui donnerez mille livres quand il reviendra, et vous le remettrez à dix ou douze jours pour les autres mille livres restant.

Ce délai me donnera le temps de m’éclaircir si je toucherai ou non les mille livres restant, des deux mille dont j’ai fourni lettre. J’ai pris la précaution de tirer du sieur Desvignes un billet portant qu’il ne m’a remis que mille et tant de livres. Ainsi, mon cher abbé, sans vous commettre en aucune façon, vous pourrez payer moitié, et me donner le loisir de prendre un arrangement certain pour l’autre moitié. C’est de quoi je vous prie instamment.

J’ai aussi envoyé une lettre de change à M. de Froulay de Tessé, frère de l’ambassadeur de Venise, et bailli de Malte. Elle est de deux mille quatre cents livres cela est payable à vue.

Je me flatte, mon cher ami, que ma nièce aura bientôt un petit lustre bien choisi de votre main.

Je vous embrasse du meilleur de mon âme.

  1. Édition Courtat.