Correspondance de Voltaire/1741/Lettre 1407

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1741
Correspondance : année 1741GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 17-18).

1407. — À M. DE CHAMPFLOUR, PÈRE.
À Bruxelles, ce 12 février.

Je n’ai pu encore, monsieur, avoir l’honneur de répondre à votre dernière lettre, parce que M. le marquis du Châtelet, qui a ramené monsieur votre fils à Paris, et qui, depuis, est allé à ses terres en Champagne, n’avait point encore donné ici de nouvelles de l’arrivée de M. de Champflour. Je n’en reçus qu’hier, et je vis avec plaisir que M. du Châtelet avait été aussi content que moi de la conduite de ce jeune homme. Vous savez, monsieur, quelle pénitence il voulut faire à Lille. M. Carrau, votre ami, vous aura mandé tout ce détail. Je ne doute pas qu’il n’ait enfin le bonheur d’être auprès de vous. Il sent quel devoir sacré il a à remplir. Vos bontés lui imposent la nécessité d’être plus vertueux qu’un autre. Il faut qu’il devienne un exemple de sagesse, pour être digne d’un si bon père,

Vous ne devez point, je crois, monsieur, être en peine de la personne qui l’avait un peu dérangé ; elle a eu, pour se conduire, plus qu’il n’a été compté. M. Carrau et le jeune homme ont arrangé, à Lille, le compte de l’évaluation des espèces de Hollande et de Brabant, à l’aide d’un banquier, et M. Carrau a voulu absolument me rembourser. Si vous voulez, monsieur, écrire un petit mot à M. le marquis du Châtelet, le maréchal de camp[1], adressez votre lettre à Cirey en Champagne.

Permettez-moi d’embrasser mon compagnon de voyage, que je crois à présent à vos genoux.

Voltaire.

  1. Florent-Claude, marquis du Châtelet, avait été fait maréchal de camp à la promotion du 1er mars 1738. Il devint lieutenant général le 2 mai 1741, époque où son frère, Florent-François du Châtelet, fut fait brigadier. (Cl.)