Correspondance de Voltaire/1742/Lettre 1503

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Correspondance de Voltaire/1742
Correspondance : année 1742GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 125-126).

1503. — À M. DE LA NOUE.
Fontainebleau, ce lundi mai.

Je comptais, mon cher ami, avoir un plaisir plus flatteur que celui de vous féliciter de loin sur vos succès[1]. J’espérais que ma santé me permettrait de venir vous entendre et vous embrasser : je ne sais pas encore quand je partirai pour la Flandre. Il se pourra très-bien que je reste assez de temps à Paris pour vous y voir ramener la foule au désert du théâtre. Je partirai content quand j’aurai vu l’honneur de notre nation rétabli par vous et par Mlle  Gautier. Vous me ferez aimer plus que jamais un art qui commençait à me devenir indifférent. Vos talents ne sont pas le seul mérite que j’aime en vous. L’auteur et l’acteur n’ont que mes applaudissements ; mais l’honnête homme, l’homme d’un commerce aimable, a mon cœur. Faites, je vous prie, mille compliments de ma part à Mlle  Gautier, et, au nom de l’amitié, ne me traitez plus avec cérémonie. Je vous embrasse de tout mon cœur. Votre succès m’est aussi cher qu’à vous mais j’en étais bien plus sûr que vous.

  1. La Noue débuta le 14 mai 1742, et fut reçu le lendemain à la Comédie