Correspondance de Voltaire/1744/Lettre 1648

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Correspondance de Voltaire/1744
Correspondance : année 1744GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 290).
1648. — À M. DE VAUVENARGUES.
Ce lundi, 7 mai 1744.

En vous remerciant. Mais vous êtes trop sensible. Vous pardonnez trop aux faux raisonnements, en faveur de quelque éloquence.

D’où vient que quelque chose est, et qu’il ne se peut pas faire que le rien soit, si ce n’est parce que l’être vaut mieux que le rien ?

Voilà un franc discours de Platon. Le rien n’est pas, parce-qu’il est contradictoire que le rien soit ; parce qu’on ne peut admettre la contradiction dans les termes. Il s’agit bien là du meilleur ! On est toujours, dans ces hauteurs, à côté d’un abîme. Je vous embrasse, je vous aime autant que je vous admire.