Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1754

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 386-387).

1754. — AU CARDINAL PASSIONEI[1].
Parigi, 17 agosto 1745.

Eminenza, mi sono lusingato che il protettore d’ogni virtù ed il capo delle accademie romane si degnerebbe di accogliere colla sua nota benignità i motivi che mi rapiscono a pigliar l’ardire di disturbare Vostra Eminenza. Io ho ricevuto pregiatissimi e sacri segni della bontà di Sua Beatitudine, e credo io che non sia sconvenevole, quando ci sono grazie da rendere a Dio, d’offerirle ai santi i più vicini del trono. Mi sia lecito di presentare a Vostra Eminenza questo libretto che il mio re ha fatto stampare nel suo palazzo. S’ella si compiace di leggerlo, s’accorgerà bene che nel pregiare le nostre vittorie ho testificato il mio rispetto per una degnissima regina contro la quale combattiamo oggi ; e che nel cantar gli onori della guerra, ho invocato di cuore la pace. Spero che i miei sentimenti non saranno rimproverati da un cardinale, di cui l’ingegno e la mano sono capaci di serrare le porte della discordia. Gl’ Italiani furono i maestri di tutta l’Europa in ogni genere di virtù senza riguardo ne degl’ interessi politici, ne di tante guerre che hanno funestata la cristianità, e questo è il titolo che m’incuora a mettere quella piccola opera sotto la protezione di Vostra Eminenza e di porgerle il tributo del mio ossequio, m’inchinandole profondamente, ed implorandoli ogni maggior prosperità, gli baccio la sacra porpora. Di Vostra Eminenza, l’umilissimo, devotissimo servitore[2].

Voltaire.

  1. Cette lettre est extraite de l’ouvrage du chevalier Felice Tribolati : « Sull’ Epistolario italiano del Voltaire, academico della Crusca. Pisa, Tipografia T. Nistri e C. 1878, » in-8o. L’auteur indique en note que l’original de cette lettre est dans la collection de Mgr Giuseppe Angelini, prelat romain.
  2. Traduction : Éminence, je me flatte que le protecteur de tout savoir et le chef des académies romaines daignera accueillir avec sa bienveillance connue les motifs qui m’entraînent à prendre la hardiesse de déranger Votre Éminence. J’ai reçu de très-précieuses et sacrées marques de la bonté de Sa Sainteté, et je crois qu’il convient, lorsqu’on a des grâces à rendre à Dieu, d’en offrir aux saints qui sont les plus près du trône. Qu’il me soit donc permis de présenter à Votre Éminence ce petit livre que mon roi a fait imprimer dans son palais. Si elle prend la peine de le lire, elle s’apercevra qu’en célébrant nos victoires, j’ai témoigné mon respect pour une très-digne reine contre laquelle nous combattons aujourd’hui, et qu’en chantant les honneurs de la guerre j’ai invoqué de cœur la paix. J’espère que nos sentiments ne seront pas blâmés d’un cardinal dont l’esprit et la main sont capables de fermer les portes de la discorde. Les Italiens furent les maîtres de toute l’Europe en tout genre de savoir, sans regarder ni aux intérêts politiques ni à tant de guerres qui ont ensanglanté la chrétienté, et c’est ce titre qui m’encourage à mettre cette petite œuvre sous la protection de Votre Éminence et de lui offrir le tribut de ma vénération m’inclinant profondément et lui souhaitant les plus grandes prospérités, je baise sa pourpre sacrée. De Votre Éminence le très-humble et très-dévoué serviteur.