Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1753

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 385-386).

1753. — À MONSIGNOR LEPROTTI,
archidiacre pontifical[1].
Parigi, 17 agosto.

Illustrissimo signore, mi pare che un poema nel quale si tratta di strage, di macello, e di sterminio, non sia per essere presentato a Vostra Eccellenza, tutta impiegata a conservare la vita degli uomini, la quale i lupi chiamati heroi sono tanto zelanti di struggere ; ma si ricordi che Virgilio amava il Musa quel’ insigne medico d’Augusto. Non sono un Virgilio, ma siete quello Musa che cura la vita d’un Augusto, e d’un Auguste che non fece mai proscrizioni. Sono trasportato della bontà di Sua Beatitudine, della quale io ho ricevuto il più prezioso regalo, quello della sua effigie, e vorrei ottenere di vostra gentilissima cortesia che il santo padre risapesse che io sono altretanto divoto al suo servizio quanto sono ammiratore di tutte le sue eminenti qualita.

Ho scritto questi due versi sotto una stampa di Sua Beatitudine


Lambertinus hic est Româ decus, et pater orbis,
Qui mundum scriptis docuit, virtutibus ornat
.

Sia dunque il suo nome la scuza della mia importunita. Si compiaccia di gradire, colla sua ordinaria humanita, il mio tributo, e mi creda di sua Eccellenza il divotissimo ed umilissimo servitore[2].

Voltaire.

  1. Cette lettre a été communiquée par M. Cerrotti, bibliothécaire du palais Corsini, au journal le Courrier d’Italie, qui l’a autographiée dans son numéro du 2 juin 1778, lequel nous a été adressé par M. J. Blanc, libraire à Rome. Mgr  Leprotti était le médecin de Benoit XIV.
  2. Traduction : Très-illustre seigneur, il me semble qu’un poëme où il est question de massacre et d’extermination ne devrait pas être offert à Votre Excellence, tout occupée à conserver la vie des hommes, que ces loups que l’on appelle des héros mettent tant de zèle à détruire ; mais vous vous rappellerez sans doute que Virgile avait une grande affection pour Musa, le célebre médecin d’Auguste. Je ne suis pas un Virgile, mais vous êtes ce Musa soignant la santé d’un autre Auguste, d’un Auguste qui ne fit jamais de proscriptions. Je suis transporté de la bonté de Sa Sainteté, dont j’ai reçu le plus précieux des souvenirs, un magnifique portrait ; et je voudrais obtenir de votre courtoisie que le saint-père sût de nouveau combien je suis dévoué à son service et l’admirateur de toutes ses éminentes qualités. J’ai écrit ces deux vers au bas d’un portrait de Sa Sainteté : ::::Lambertinus hic est Romæ decus, et pater orbis,
    Qui mundum scriptis docuit, virtutibus ornat.
    Que son nom serve donc d’excuse à mon importunité, et veuillez recevoir, etc. De Votre Excellence le très-humble et très-dévoué serv iteur.