Correspondance de Voltaire/1747/Lettre 1856

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Correspondance de Voltaire/1747
Correspondance : année 1747GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 479-480).

1856. — À M. MOREAU[1],
premier avocat du roi, place royale.
Ce mercredi (4 janvier 1747).

Persistez, monsieur, dans votre noble résolution de ne point signer une sentence si téméraire rendue contre vos conclusions et attentatoire à l’autorité royale, sans qu’au moins on n’y insère vos conclusions, qui en font sentir tout le vice. Votre opinion me fait plus d’honneur que le jugement de M. Nègre ne me fait de peine. Je vous supplie d’avoir la bonté de me renvoyer le libelle signé de Rigoley. On dit que Mannory a fait imprimer le sien avec une nouvelle édition des libelles diffamatoires lacérés, nouveau tour et digne d’un homme qui oublie que je lui ai fait l’aumône. Le seul discours digne d’être imprimé est le seul qui ne le soit pas, et l’homme qui était le plus intéressé à cette affaire est le seul qui ait gardé le silence. Voilà de la matière pour le douzième tome des Causes célèbres[2] et ridicules. Votre éloquence a mis du moins quelque prix à cette misère. Je vous supplie de compter, monsieur, sur les sentiments les plus vifs d’une reconnaissance respectueuse et pleine d’estime. V.

  1. Voltaire contre Travenol, par Henri Beaune, 1869. Autographe de la collection Sohier.
  2. Mannory rédigeait les Causes célèbres.