Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 1938

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 557-558).

1938. — À M. LE CARDINAL QUERINI[1].
À Cirey, le 3 janvier 1749.

Le porgo il mio riconosciamento pei gentilissimi versi che Vostro Eminenza si è compiaciuta d’inviarmi, e per la licenza che mi concede di dedicarle la mia tragedia di Semiramide. Non poterò far stamparla avanti due o tre mesi, perchè sono caduto ammalato alla corte di Lorraine, e mi sono ritirato nel castello di Cirey in Sciampagna, colla signora marchesa du Châtelet, la più virtuosa donna di tutta la Francia. Ella ha letto le vostre opere latine e toscane, e rende all’illustrissimo autore tutta la giustizia che gli è dovuta. Vorrei che questa piccola nostra Arcadia fosse un poco più vicina al vostro vescovado ed al vostro parnasso ; sono veramente troppo lontano da Vostra Eminenza. La mia mente fa ogni giorno il viaggio d’Italia. Ma il cattivo stato del corpo mi ritiene ; spiritus enim promptus est, caro autem infirma. Qualunque sia il paese che io abiti, saro sempre, colla più viva gratitudine, di Vostra Eminenza, obbedientissimo ed umillimo servitore[2].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Traduction : Recevez mes remerciments pour les très-jolis vers que Votre Éminence a daigné m’envoyer, et pour la permission qu’elle m’accorde de lui dédier ma tragédie de Sémiramis. Je ne pourrai la faire imprimer avant deux ou trois mois, parce que je suis tombé malade à la cour de Lorraine, et me suis retiré au château de Cirey en Champagne, avec la marquise du Châtelet, la plus savante dame de toute la France. Elle a lu vos ouvrages latins et italiens, et elle rend à l’illustre auteur la justice qui lui est due. Je voudrais que notre petite Arcadie fut plus voisine de votre évêché et de votre parnasse ; je suis vraiment trop loin de Votre Éminence. Mon esprit fait chaque jour le voyage d’Italie. Mais le misérable état du corps me retient : Spiritus enim promptus est, etc. Quel que soit le pays que j’habite, je serai toujours, avec la plus vive gratitude, de Votre Éminence le très-obéissant et très-humble serviteur.