Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 1948

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 569).

1948. — DE STANISLAS,
roi de pologne, duc de lorraine et de bar.
À Lunéville, le 31 janvier.

Je vous suis redevable, mon cher Voltaire, des compliments du roi de Prusse, et de ceux que vous lui avez faits de ma part. Notre gent est d’accord sur votre sujet, et je suis bien flatté d’avoir les mêmes sentiments qu’un prince que j’aime et estime beaucoup. C’est à vous à partager les vôtres entre nous, sans exciter notre jalousie.

Je voudrais, à tel prix que ce soit, que la malheureuse comète[1] vous amusât plus favorablement qu’elle n’a fait, et qu’il n’y ait rien qui vous ennuie à Lunéville. Ma troupe de qualité de la comédie, qui surpasse celle de profession, y suppléera.

Je crains que l’original du héros que vous voulez copier dans le roman soit romanesque en effet. Je ne me fie pas à la favorable prévention que vous avez pour lui. Si ce que vous imaginez d’avantageux en sa faveur est une fiction, rien de si réel qu’il est bien sensible à votre attachement et à votre amitié. Vous voilà donc, je crois, à Paris, sans que je puisse encore dire quand j’y serai. C’est le séjour de madame l’infante qui me réglera. Je vous renvoie vos deux pièces. Memnon m’a endormi bien agréablement, et j’ai vu, dans un profond sommeil, que la sagesse n’est qu’un songe. Je suis de tout mon cœur à vous.

Stanislas, roi.

  1. Jeu fort aimé de Stanislas et de Mme  du Châtelet.