Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 2015

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Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 64).
2015. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[1].
À Lunéville, ce 11 septembre.

Hélas ! monsieur, en vous mandant l’heureux et singulier accouchement de Mme du Châtelet, j’étais bien loin de soupçonner le moindre danger. Dans l’événement affreux qui me laisse sans consolation sur la terre, et qui devrait avoir fini ma vie misérable, je voudrais pouvoir au moins pleurer avec vous une femme qui vous aimait véritablement, qui sentait tout votre mérite, qui lui avait toujours rendu justice, et qui pensait comme vous. Ayez pitié du plus ancien de vos camarades, et du plus malheureux des hommes.

Je vais à Cirey avec M. du Châtelet : tout ce qui porte son nom m’est cher. Il est affreux d’aller voir la maison que nous avions tant embellie, et où je comptais mourir dans ses bras ; mais il le faut.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.