Correspondance de Voltaire/1749/Lettre 2016

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1749
Correspondance : année 1749, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 64).

2016. — À M. L’ABBÉ DE VOISENON.
Auprès de Bar[1], ce 14 septembre.

Mon cher abbé, mon cher ami, que vous avais-je écrit ! quelle joie malheureuse, quelle suite funeste ! quelle complication de malheurs, qui rendraient encore mon état plus affreux s’il pouvait l’être ! Conservez-vous, vivez ; et, si je suis en vie, je viendrai bientôt verser dans votre sein des larmes qui ne tariront jamais.

Je n’abandonne pas M. du Châtelet, je vais à Cirey avec lui. Il faut y aller, il faut remplir ce cruel devoir. Je reverrai donc ce château que l’amitié avait embelli, et où j’espérais mourir dans les bras de votre amie ! Il faudra bien revenir à Paris ; je compte vous y voir. J’ai une répugnance horrible à être enterré à Paris ; je vous en dirai les raisons. Ah ! cher abbé, quelle perte !

  1. Au château de Loisei, d’où est datée la lettre 1934.