Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2071

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Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 112-113).

2071. — À M. BERRYER,
lieutenant général de police[1].
Paris, 15 mars 1750.

Je me suis présenté à votre porte pour vous supplier de ne point laisser avilir les gens de lettres en France, et surtout ceux que vous honorez de vos bontés, au point qu’il soit permis aux sieurs Fréron et abbé de La Porte d’imprimer tous les quinze jours les personnalités les plus odieuses. L’abbé Raynal, attaqué comme moi, est venu avec moi, monsieur, pour vous supplier de supprimer ces scandales, dont tous les honnêtes gens sont indignés. Ayez la bonté, monsieur, d’en conférer avec M. d’Argenson si vous le jugez nécessaire. Daignez prévenir les querelles violentes qui naîtraient infailliblement d’une pareille licence. Elle est portée au plus haut point, et, pour peu que vous le vouliez, elle cessera. Il est dur pour un homme de mon âge, pour un officier du roi, d’être compromis avec de pareils personnages. Je vous conjure de m’en épargner le désagrément. Je vous aurai deux obligations, celle de mon repos et celle de rester en France, J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.