Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2284
Marc-Aurèle autrefois disait
Des choses dignes de mémoire ;
Tous les jours même il en faisait,
Et sans jamais s’en faire accroire.
Certain amateur de sa gloire
Un jour à souper lui parlait
D’un des beaux traits de son histoire ;
Mais qu’arriva-t-il ? Le héros
N’écouta qu’avec répugnance.
Il se tut, et ce beau silence
Fut encore un de ses bons mots.
Pardonnez, sire, à des cœurs qui sont pleins de vous. J’ose, pour me justifier, supplier Votre Majesté de daigner seulement jeter un coup d’œil sur les lignes marquées par un tiret de cette lettre de M. de Chauvelin, neveu[1] du fameux garde des sceaux. Ne soyez fâché ni contre lui, qui m’écrit de l’abondance du cœur, ni contre moi, qui ai la témérité de vous envoyer sa lettre. Il faut bien, après tout, que Votre. Majesté connaisse ce que pensent les hommes de l’Europe qui pensent le mieux.
Je supplie Votre Majesté de me renvoyer ma lettre, car je ne veux pas perdre à la fois vos bonnes grâces et la lettre de M. de Chauvelin.
- ↑ Lisez cousin ; voyez une note de la lettre 2240.