Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2375

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 423).

2375. — À M. FORMEY.
Potsdam.

Vous aviez si bien orthographié, monsieur, ou j’avais si mal lu, que j’avais lu dans votre lettre M. de Mouhy au lieu de Mongri[1] ; ce sont deux personnes fort différentes.

Le Manet alta mente repostum[2] me conviendrait mal. Je vous dirai ingénument le fait. On me montra avant-hier un passage extrait de votre Bibliothèque impartiale, où vous dites que je suis un plagiaire, quoique vous m’ayez dit et écrit que vous n’avez jamais rien imprimé contre moi. Vous dites dans ce passage que dans la Henriade j’ai pillé un certain, poëme de Clovis d’un nommé Saint-Didier. Ceux qui savent que ce poëme de Saint-Didier existe savent aussi qu’il fut fait plusieurs années après la Henriade. Vous voyez, monsieur, que vous auriez quelque réparation à me faire, aussi bien qu’au public et à la vérité, et que j’aurais quelque droit de me plaindre d’un outrage que j’ai si peu mérité, et que ma conduite envers vous ne me faisait pas attendre. J’ignore en quel endroit est le passage où vous m’avez outragé ; tout ce que je sais, c’est que je l’ai vu avant-hier au matin, et qu’il ne tiendra qu’à vous que je l’oublie pour jamais.

  1. Moncrif. Formey qui, dans sa réponse à la lettre 2374, avait pris la défense de Moncrif, qualifie de tour de passe-passe le retour que Voltaire fait ici.
  2. Virgile, Æn., I, v. 30.