Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2406

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 464-465).

2406. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.
Potsdam, août.

Ou je me trompe, mon cher Isaac, ou M. de Prades[1], que je ne veux plus nommer abbé, est l’homme qu’il faut au roi et à vous. Naïf, gai, instruit, et capable de s’instruire en peu de temps, intrépide dans la philosophie, dans la probité, et dans le mépris pour les fanatiques et les fripons ; voilà ce que j’ai pu juger à une première entrevue. Je vous en dirai davantage quand j’aurai le bonheur de vous voir.

Je n’ai jamais été si malade que je le suis aujourd’hui, sans cela j’irais chez vous. Venez me voir, il est nécessaire que je vous parle ; votre visite ne nuira point à vos projets de ce soir ; je sais taire les faveurs et les rigueurs. Venez, ce sera une bonne fortune dont je ne me vanterai à personne. Comptez que vous trouverez un moine de qui vous n’aurez jamais à vous plaindre, qui a dit cent antiennes pour vous, et qui veut vivre avec vous, non pas dans l’union la plus monacale, mais la plus fraternelle. Mille respects alla virtuosa marchesa.

  1. Prades (Jean-Martin de), né en 1720, mort en 1782, archidiacre de Glogau ; voyez le Tombeau de la Sorbonne, tome XXIV, page 17.