Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2429

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 485).

2429. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Cosel, (10) septembre 1752.

J’ai reçu votre poëme[1] philosophique proche de ce Carnovie[2] où Marc-Aurèle jeta par écrit ses sages Réflexions morales ; j’en ai trouvé votre poëme d’autant plus beau. Reste à faire quelques réflexions, non pas sur la poësie, mais sur le fond et la conduite du quatrième chant, dont je me réserve à vous entretenir à mon retour. Ici les housards les ingénieurs, les officiers d’infanterie et de cavalerie me tarabustent si fort qu’ils ne me laissent pas le temps de me reconnaître. Adieu. Ayez pitié d’une âme qui est dans le purgatoire, et qui vous demande des messes pour en être tirée bientôt.

  1. Le Poëme sur la Loi naturelle ; voyez tome IX.
  2. Ce n’est pas à Carnovie (Jägerndorf) que Marc-Aurèle écrivit ses Réflexions. Le roi a confondu ce nom avec celui de Carnunte, en Pannonie, où l’empereur romain composa le second livre de son ouvrage.

    Frédéric, se trouvant en quartier d’hiver à Breslau, en 1778, et présumant que Carnovie était la même ville que Carnunte, fit consulter là-dessus les savants les plus renommés, qui furent pour la négative, entre autres le recteur Arletius, auquel le roi fit expédier, le 9 décembre, une flatteuse lettre de remerciement. Voyez Johann-Gaspar Arletius, par Julius Schmidt ; Breslau. 1841, page 15. (Note de l’édition Preuss.)