Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2443

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 497).

2443. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
1752.

Si vous continuez du train dont vous allez, le Dictionnaire sera fait en peu de temps. L’article de l’Âme que je reçois est bien fait ; celui de Baptême y est supérieur. Il semble que le hasard vous fait dire ce qui pourtant est la suite d’une méditation. Votre Dictionnaire imprimé, je ne vous conseille pas d’aller à Rome ; mais qu’importe Rome, Sa Sainteté, l’Inquisition, et tous les chefs tondus des ordres irreligieux qui crieront contre vous ? L’ouvrage que vous faites sera utile par les choses, et agréable par le style ; il n’en faut pas davantage. Si l’âme de vos nerfs demeure dans un état de quiétude, je serai charmé de vous voir ce soir ; sinon je croirai qu’elle se venge sur votre corps du tort que votre esprit lui fait. Ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne crois pas que moi ni personne soit double. Les grands, en parlant d’eux, disent nous : ils n’en sont pas multipliés pour cela. Mettons la main sur la conscience, et parlons franchement : l’on avouera de bonne foi que la pensée et le mouvement, dont notre corps a la faculté, sont des attributs de la machine animée, formée et organisée comme l’homme. Adieu.