Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2444

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 497-498).

2444. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
1752.

Cet article[1] me paraît très-beau ; il n’y a que le pari que je vous conseillerais de changer, à cause que vous vous êtes moqué de Pascal, qui se sert de la même figure. Remarquez encore, s’il vous plait, que vous citez Épicure, Protagoras, etc., qui vivraient tranquilles dans la même ville ; je crois qu’il ne faudrait pas citer des gens de lettres pour vivre tranquilles ensemble. Remarquez que de querelles dans l’Académie des sciences de Paris pour Newton et Descartes, et dans celle d’ici pour et contre Leibnitz ! Je suis sûr qu’Épicure et Protagoras se seraient disputés s’ils avaient habité le même lieu ; mais je crois de même que Cicéron, Lucrèce et Horace, auraient soupé ensemble en bonne union. Je vous demande pardon des remarques que mon ignorance s’émancipe de vous faire. Je suis comme la servante de Molière, qui, lorsqu’elle ne riait pas, faisait changer ses pièces au premier auteur comique de l’univers.

  1. Il doit s’agir de ce qui forme aujourd’hui la section I de l’article Athée du Dictionnaire philosophique : voyez tome XVII, i) age 451, où sont nommés Épicure et Protagoras.