Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2453

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 506-507).

2453. — À M. FORMEY.
Potsdam, le…

J’ai depuis quelque temps tous les journaux, et j’ai déjà lu celui que vous avez la bonté de m’envoyer. Je vous en remercie, monsieur ; si vous en avez besoin, je vous le renvoie. Vous aurez incessamment l’édition de Dresde[1] ; il y a autant de fautes que de mots. On va en entreprendre une en Angleterre qui sera fort supérieure, et où il n’y aura plus de détails inutiles sur Rousseau. Je vous dirai, en passant, que quelquefois ceux qu’on avait pris pour des aigles[2] ne sont que des coqs d’Inde ; qu’un orgueil despotique, avec un peu de science et beaucoup de ridicule, est bientôt reconnu et détesté de l’Europe savante, etc. Je suis très-aise que vous me marquiez de l’amitié ; et, si vous êtes plus philosophe que prêtre, je serai votre ami toute ma vie. Je suis d’un caractère que rien ne peut faire plier, inébranlable dans l’amitié et dans mes sentiments, et ne craignant rien ni dans ce monde-ci ni dans l’autre. Si vous voulez de moi à ces conditions, je suis à vous hardiment, et peut-être plus efficacement que vous ne pensez.

  1. La seconde édition du Siècle de Louis XIV.
  2. Voltaire, le premier, avait, pendant longtemps, pris Maupertuis pour un aigle. (Cl.)