Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2647

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 124).
2647. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
Auprès de Strasbourg, le 14 septembre.

Je réponds bien tard, mon ami, et en vile prose, à votre aimable lettre chamarrée de jolis vers, et c’est encore beaucoup pour moi de faire de la prose ; je ne puis me servir de ma main. J’ai, quoi qu’en disent les malintentionnés, les mains si enflées que je ne puis tenir une plume. Vous vous servez très-bien de la vôtre ; vous peignez à merveille les gens qui m’ont achevé de peindre. Le palais d’Alcine n’était, au fond, qu’une retraite de bêtes farouches, et Alcine, qui paraissait une belle grande dame bien faite, n’était qu’une petite vieille rabougrie.

Je ne sais pas trop quand ma santé et ma situation me permettront de venir vous revoir. Je serais bien charmé de me retrouver entre vous et ma nièce.

Pardonnez à un pauvre malade d’écrire si peu et si mal.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.