Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2733

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 209-210).

2733. — DE CHARLES-THÉODORE,
électeur palatin.
Manheim, ce 1er mai.

Le manuscrit corrigé de votre main, monsieur, joint au second tome des Annales de l’Empire, m’ont occupé si utilement et si agréablement, ces jours passés, que je n’ai pu vous en témoigner plus tôt ma reconnaissance. Vos ouvrages ne sont pas faits pour être lus à la hâte. Chaque année, pour ainsi dire, dans vos Annales, mérite quelque attention particulière, par les réflexions judicieuses que vous y placez si à propos. L’Essai sur l’Histoire universelle, dont vous avez tiré une grande partie pour vos Annales, ne leur cède en rien, quoique le sujet en soit beaucoup plus vaste ; et ces deux ouvrages ne sont pas faits pour les gens qui ressemblent au nouvel automate de Paris. Il y a, il est vrai, si peu de gens qui pensent, et moins encore qui pensent juste, qu’il ne serait pas étonnant si quelque sombre misanthrope ne regrettait pas qu’on ait trouvé le moyen de diminuer l’espèce humaine à moins de frais[1].

Vous me ferez plaisir, monsieur, de m’informer si cette opération avec le sel se fait avec succès. Je serai d’ailleurs charmé de pouvoir vous faire plaisir, et de vous témoigner l’estime qui vous est due, monsieur.

Votre bien affectionné,

Charles-Théodore, électeur.

  1. Voyez le deuxième alinéa de la lettre 2740.