Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2782

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 252-253).

2782. — À MADAME DE FONTAINE,
à paris.
À Colmar, le 22. août.

Je veux vous écrire, ma chère nièce, et je ne vous écris point de ma main, parce que je suis un peu malade ; et me voilà sur mon lit sans en rien dire à votre sœur. J’espère que vous trouverez ma lettre à votre arrivée à Paris. Nous saurons si les eaux vous ont fait du bien, si vous digérez ; si vous et votre fils[1] vous faites toujours de grands progrès dans la peinture ; si l’abbé Mignot a obtenu enfin quelque bénéfice.

Vous allez avoir le Triumvirat[2] ; ainsi ce n’est pas la peine d’envoyer mes magots de la Chine[3]. Je ne peux d’ailleurs avoir absolument que trois magots : les cinq seraient secs comme moi ; au lieu que les trois ont de gros ventres comme des Chinois. Votre sœur en est fort contente. Ils pourront un jour vous amuser ; mais à présent il ne faut rien précipiter.

Ne hâtons pas plus nos affaires en France qu’à la Chine ; ne faites nul usage, je vous en prie, du papier[4] que vous savez ; nous avons quelque chose en vue, Mme  Denis et moi, du côté de Lyon. On dit que cela sera fort agréable. Nous vous en rendrons bientôt compte.

Je me lève pour vous dire que nous sommes ici deux solitaires qui vous aimons de tout notre cœur.

  1. M. Dompierre d’Hornoy, alors âgé de douze ans. (Cl.)
  2. Tragédie de Crébillon.
  3. L’Orphelin.
  4. Relatif à l’acquisition d’une terre.