Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2891

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 355-356).

2891. — À M. LE CONSEILLER TRONCHIN[1].
Délices, 5 mars.

Les eaux du Rhône, monsieur, ne sont pas aussi dangereuses qu’on me l’avait dit ; celles de la mer Atlantique et de la mer du Sud le sont un peu davantage. Je ne leur confierai plus mon bien ; mais je me tiens très-heureux sur terre dans notre acquisition commune des Délices.

Voilà donc les Anglais qui vont prendre nos vaisseaux : si cela est, je renvoie mes maçons et mes charpentiers. Pourquoi des nations commerçantes se font-elles la guerre ? Elles y perdent l’un et l’autre. Il est honteux que les négociants de tous les pays n’aient pu établir entre eux la neutralité, comme faisaient autrefois les villes hanséatiques. Il faudrait laisser les rois se battre avec leurs grands diables de soldats, et que le reste du monde se mît enfin à être raisonnable.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.